Quand vous saurez que je suis mort
Ce sera un jour ordinaire
Peut-être il fera beau dehors
Les moineaux ne vont pas se taire
Rien ne sera vraiment changé
Les passants seront de passage
Le pain sera bon à manger
Le vin versé pour le partage
La rue ira dans l'autre rue
Les affaires iront aux affaires
Les journaux frais seront parus
Et la télé sous somnifères
Suite à l'incident du métro
Vous prendrez les correspondances
En courant les couloirs au trot
Chacun ira tenter sa chance
Pour moi le spectacle est fini
La pièce était fort bien écrite
Le paradis fort bien garni
Des exclus de la réussite
Pour moi je sortirai de scène
Passant par le côté jardin
Côté Prévert et rue de Seine
Côté poète et baladin
Merci des applaudissements
Mon rôle m'allait à merveille
Moi je m'en vais, tout simplement
Un jour nouveau pour moi s'éveille
Vous croirez tous que je suis mort
Quand mes vieux poumons rendront l'âme
Moi je vous dis: vous avez tort
C'est du bois mort que naît la flamme
N'allez donc pas dorénavant
Me rechercher au cimetière
Je suis déjà passé devant
Je viens de passer la frontière
Le soleil a son beau chapeau
La Paix a mis sa belle robe
La Justice a changé de peau
Et Dieu est là dans ses vignobles
Je suis passé dans l'avenir
Ne restez pas dans vos tristesses
Enfermés dans vos souvenirs
Souriez plutôt de tendresse
Si l'on vous dit que je suis mort
Surtout n'allez donc pas le croire
Cherchez un vin qui ait du corps
Et avec vous j'irai le boire. . .
Jean Debruynne
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire