Le suicide déguisé des personnes âgées



On parle peu du suicide des personnes âgées, parce qu'il choque moins que celui des jeunes. Pourtant, le risque de suicide chez les seniors est 5 fois supérieur à celui des jeunes.

En prenant de l'âge, nous sommes confrontés à de nombreuses pertes : le décès de nos proches, enfants, conjoint, la perte de nos capacités physiques et psychiques, la mobilité, diminue, la mémoire défaille, et que dire des difficultés à s'adapter à l'évolution rapide de notre environnement, la technologie, les moeurs, la façon de vivre, le rythme trépidant, la circulation, les moyens de paiement, etc.

Les personnes âgées ont sensation de ne "plus faire partie du monde actuel", qu'il ne reconnaissent plus.

Lorsque le conjoint décède après de longues années de vie commune, la vie ne vaut souvent plus la peine pour le survivant. "que vais-je devenir sans lui? sans elle?"

Ou lorsqu'un déménagement est nécessaire, mais non souhaité, c'est souvent une catastrophe. La maison de famille vendue, les augmentations de loyer impossibles à honorer, les escaliers devenus des montagnes à gravir.....

C'est le changement des habitudes ancrées qui déstabilise le plus les personnes âgées.

L'adaptation à toute nouvelle situation demande beacoup plus d'énergie, la solitude est bien souvent là, le temps s'étire indéfiniment, vide et terne!




La société donne aux personnes âgées une sensation d'inutilité, de charge, même! On valorise le jeunisme, la productivité, le rendement. Les vieux se disent que ça ne vaut plus la peine de vivre, c'est difficile de trouver leur place dans le monde d'aujourd'hui!

Certains malades interrompent leur traitement, sans rien dire, cessent de s'alimenter ou modifient les doses de médicament. On appelle cela "les suicides silencieux". Il y a moins de tentatives manquées chez les seniors, car le passage à l'acte est souvent le fruit d'une longue réflexion.

La retraite est pour beaucoup, un cap difficile à passer....difficile de ne plus être dans le "faire", dans la performance.

Difficile de ne plus avoir de rôle social, on ne peut plus se cacher derrière ce que l'on était, professionnellement.

Si la personne âgée manifeste son désir de ne plus vivre, l'entourage est souvent démuni. Il faudrait pouvoir en parler, et prendre ces menaces au sérieux.

Parfois ce n'est qu'un appel au secours pour un peu d'attention, parfois la crise est sincère et une prise en charge par un médecin est nécessaire. Il faut faire promettre à la personne, semaine après semaine, de ne pas passer à l'acte, être très présent pendant ces crises et rassurer l'aîné de son affection et de son soutien.

S'il sent qu'il est important pour vous, cette envie de mourir peut disparaître.

Bien veillir, ça se prépare, il faut avoir une vie intérieure, apprendre à vivre seul et être bien en sa compagnie, avoir des intérêts, conserver un réseau social et des activités, faire partie de sociétés et "rester vivant"!

En Suède, le taux de suicide chez les aînés a beaucoup baissé en faisant un travail de prévention auprès des médecins.

Décrypter la menace de suicide d'une personne âgée est la première urgence. Elle traduit souvent leur angoisse, leur solitude ou l'intolérable sensation d'inutilité. Se relayer auprès d'eux, faire de la prévention, les entourer, leur donner une responsabilité si leur santé et leur état le permet, en un mot : leur donner envie de vivre et une raison de vivre.

Passer du temps avec eux est aussi enrichissant pour nous que pour eux!

Prenez le temps de parler avec les personnes âgées!

Une personne âgée qui a toute sa tête et toute sa mémoire est un cadeau du ciel!

Savoir comment était la vie "avant" et "de leur temps" est un enrichissement et nous permet de relativiser nos petits problèmes, actuel,...

Certains ont vécu la guerre, la famine, les familles nombreuses à nourrir, l'entraide entre les générations, entre les voisins, la vraie communication, la débrouillardise, la lessive à la fontaine, la vie sans confort, la solidarité entre voisins, l'éducation à la dure, et le travail dans ce qu'il avait de plus rude!

On a beaucoup à apprendre des vieilles gens.

Josette Sauthier, copie interdite

1 commentaire:

  1. Il serait plus utile de ne pas chercher à prolonger une vie déjà accomplie mais d'en favoriser la sortie en douceur pour éviter de ne laisser que le recours à une issue violente en imposant une charge trop lourde aux générations suivantes.

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